Les Journées du patrimoine et du matrimoine à Bobigny

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Claire Dupoizat, deuxième adjointe à la culture, à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la lutte contre toutes les discriminations et Pauline Thomas, Coordinatrice de la mission Droits des femmes et lutte pour l’égalité des droits.

Comment la ville s’est engagée dans une démarche de valorisation du matrimoine balbynien ?

Claire Dupoizat (CD) : La délégation d’adjointe en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes a été créée suite aux dernières élections municipales de 2020. Parmi mes missions, la valorisation du matrimoine est un volet essentiel de l’égalité femmes-hommes. La ville de Bobigny est une ville moderne, et son histoire est liée à l’essor industriel, son matrimoine et son patrimoine sont donc assez récents. Notre objectif est de valoriser les femmes ayant participé à la construction de la ville, autant d’un point de vue architectural qu’historique ou culturel et de les faire connaître, au même titre que les hommes.

Ainsi, dès 2021, nous avons choisi d’organiser les Journées du patrimoine ET du matrimoine, afin de valoriser les balbyniens et les balbyniennes. En soi, il suffisait de changer seulement une lettre pour aller de patrimoine vers matrimoine, d’un point de vue sémantique c’était très simple, et cette initiative a été très bien accueillie autant par le corps politique que dans les services.

Nous souhaitions aller au-delà des initiatives proposant de renommer les noms des rues ou des bâtiments de la ville, en valorisant l’existant, les femmes de l’histoire de la ville mais aussi celles qui sont vivantes et qui participent à construire ce futur héritage dans tous les domaines (sport, politique, cinéma, architecture, urbanisme, etc.).

Quelles actions avez-vous mis en place à l’occasion des Journées du matrimoine et quel bilan pouvaient vous en faire ?

Claire Dupoizat et Pauline Thomas (CD et PT) : En 2021, à Bobigny, les Journées européennes du patrimoine sont devenues les journées du patrimoine et du matrimoine, avec une programmation conjointe. À cette occasion, deux actions ont été programmées afin de valoriser le matrimoine balbynien : 

  • Une balade urbaine, intitulée « D’un palais de justice à un autre », retrace l’histoire du procès de Bobigny, dont Gisèle Halimi fut l’avocate et l’histoire architecturale de la ville autour de l’ancien Tribunal (Bâtiment K) et du nouveau ;
  • Visite du groupe scolaire Georges Valbon, une œuvre architecturale audacieuse réalisée par les deux architectes Selma et Salwa Mikou, emblème de l’architecture de Bobigny.

Gisèle Halimi, avocate du procès de Bobigny et emblème de la lutte pour l’avortement a été choisie comme citoyenne d’honneur de la ville de Bobigny à cette occasion, permettant de visibiliser l’histoire des luttes féministes. Ces deux actions, proposées en septembre 2021 ont été très appréciée et ont réunies chacune environ une trentaine de personne de toutes générations.

Pour la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes du 25 novembre, cela a été l’occasion de reconduire ces deux visites afin d’intégrer le matrimoine dans les actions de la ville tout au long de l’année. Finalement, ces visites ayant déjà eu lieu une fois, il est facile de les reprogrammer, les contenus étant déjà existants et cela ne demande pas un travail supplémentaire puisque cela s’inscrit dans une continuité culturelle.

Comment avez-vous mené cette programmation avec les services de la ville ? Quel a été le budget ?

CD et PT : Certains services de la ville ont été mobilisés dans le cadre de ces Journées du matrimoine, au même titre que les Journées européennes du patrimoine, notamment le service Mémoire et Patrimoine et les services techniques. Les visites ont été commentées et animées par une historienne de l’architecture et chercheuse et par un architecte-conférencier.
Afin d’ancrer l’importance du matrimoine au même titre que celle du patrimoine, il est envisagé notamment de renommer ce service et d’utiliser les deux mots de manière permanente dans la communication et en interne. L’objectif étant de faire infuser la culture du matrimoine et que les services développent de manière autonome des actions pour valoriser l’héritage des femmes sur la ville et de travailler de manière transversale.

Pour cette édition 2021, le budget consacré par la ville aux journées du patrimoine et du matrimoine était de 10 000 €.

Pour la communication, des affiches et des flyers ont été distribués dans toutes la ville et dans les services de la collectivité. L’identité visuelle de ces Journées du patrimoine et du matrimoine a été inspirée de l’architecture de la cour de l’école des deux sœurs Selma et Salwa Mikou, architectes à l’honneur durant cette programmation. L’image est abstraite, graphique, et rappelle aussi la forme d’un sein. Gisèle Halimi est aussi mise en avant dans la programmation. Aujourd’hui encore, les affiches sont toujours présentes sur les murs de l’Hôtel de ville.

Quels sont les futurs projets de la ville sur cette thématique ?

CD et PT : Pour l’édition 2022 des Journées du patrimoine et du matrimoine de Bobigny, nous pourrons bénéficier d’un budget plus important d’un montant de 20 000 €.

Parmi nos projets, nous souhaitons inaugurer une Place des femmes afin d’avoir un espace dédié notamment lors de manifestations, de femmages ou de diffusion de films par exemple. Le but étant aussi d’avoir un lieu au sein de l’espace public urbain consacré aux droits des femmes. Nous souhaitons aussi proposer de nouvelles activités en lien avec le conservatoire et les établissements culturels de la ville, en lien aussi avec les conservatoires et les bibliothèques de l’EPT Paris Est Ensemble*. Enfin, nous allons créer un répertoire du matrimoine balbynien, pour donner plus de visibilité au matrimoine, sous la forme d’un guide par exemple.

Au-delà du matrimoine, nous menons aussi des actions de valorisation de la place des femmes dans l’espace public avec la mise en place de marches exploratoires, ou encore l’inauguration d’une nouvelle cour d’école inclusive en mars. Nous travaillons aussi sur la toponymie des bâtiments scolaires ; deux ont été renommés, le groupe scolaire Simone Veil et l’école Muriel Hurtis, figure emblématique de l’athlétisme et balbynienne.

*Établissement Public Territorial Paris Est Ensemble (Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré Saint Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-Le-Sec, Pantin et Romainville)